Il y a maintenant plusieurs mois de jolis textes écrits sur les dessins de l’artiste Dilian avaient attiré mon attention. J’aimais beaucoup les mots de ce garçon, plein de sensibilité. Des mots qui parfois disent mes propres émotions. Alors nous avons échangé un peu via le virtuel. Puis à l’occasion de RueStick (et grace à Dilian) nous nous sommes rencontrés dans la « vraie » vie.
Depuis nous communiquons régulièrement et je suis ses apparitions « poétiques » sur Facebook (Là il va râler et dire « Non non, je ne suis pas un poète et je n’écris pas des poèmes. ce sont juste des mots qui viennent et que je dépose. »). Alors cet hiver, lorsqu’il m’a parlé d’un projet artistique qu’il allait monter j’ai été très intéressée. Le 23 février ce projet a vu le jour et aujourd’hui il est devenu une vidéo qui va permettre d’immortaliser l’instant et surtout à tous ceux (comme moi) qui (malheureusement pour moi) n’ont pu vivre ça le 23 février et bien de le voir quand même.
La poésie pour écrire la souffrance
Avant de vous livrer la vidéo, il faut quand même que je vous en dise un peu plus sur ce projet. Vendredi soir Hervé (c’est le garçon en question…) s’est prêté avec gentillesse à une interview (bon là je me la pète un peu… genre super blogueuse qui accorde des interviews… Ma minute de gloire merci…). Il y a quelques jours j’ai passé une très agréable soirée avec Hervé qui a partagé avec moi ses rêves, ses projets (parce que celui-ci ne sera pas le dernier). Et nous avons bien sur beaucoup parlé de celui dont il est question ici, le premier d’une longue série (je le lui souhaite sincèrement).
Hervé écrit depuis longtemps. Il a commencé alors qu’il n’avait que 14 ans. Il écrit surtout quand il est amoureux ou malheureux. Je le rejoins là-dessus. Ecrire les mots de notre souffrance est bien souvent un moyen de les mettre à distance et d’évacuer la tristesse. (Oxmo Puccino le dit d’ailleurs très joliment : « Il y a des peines aux pages closes, desquelles on se délivre par des mots qui prennent la peine et la divise. ») Il y a presque un an Hervé a vécu la fin d’une belle histoire. » Parce que toutes les belles choses ont une fin » (dixit Pan…) Pour faire face au vide de l’absence, il s’est mis à écrire des textes, pour expulser son manque et sa tristesse. Il en a publié certains sur Facebook, pour les laisser s’envoler vers un ailleurs… Au mois de septembre 2013, le streetartiste Sunset (devenu un ami) lui propose de mettre en scène un de ses textes en témoignage de son amitié.
Le projet « Art storm at stravinski fountain »
C’est de cette histoire d’amitié que va naitre le projet « Art storm at stravinski fountain ». Les mots d’Hervé inspirent à Sunset un arbre magnifique. Plusieurs coeurs le composent. Eux-mêmes construits autour des mots du poème. En haut de l’arbre les premières strophes. Puis on descend lentement pour arriver jusqu’au sol où là encore les « feuilles-mots » le recouvre pour symboliser la fin. Mais aussi le renouveau. Car l’arbre perd toutes ses feuilles mais pour mieux renaitre au printemps suivant.
Ce poème lui a été inspiré par les Quatre saisons de Vivaldi. Il en a rajouté une (celle du renouveau ?…) et c’est devenu « Les cinq saisons ».
Les mots d’Hervé : « Les cinq saisons »
La première saison fut si belle
Un homme qui vient pour un 1er baiser à Noël
En bas de chez vos parents
Déjà à vos pieds
Vous et votre hauteur
La deuxième saison
Fut meilleure
Partage et à l’unissons
Souvent mélangés dans des soupirs
Pas tellement indécents.
La troisième saison
Je brisai vos rêves
Je fus l’idiot
Je fus l’hiver
Je fuis cette saison dernière
Mais je l’assume sans brio
La quatrième saison
Fut les retrouvailles
Et souvent un champ de bataille
Pas si simple de pardonner
Souvent séparé
Mais sans jamais couper les ponts
La cinquième saison
Fut la dernière
Pourtant à Amsterdam
Il fallait pas être chaman
Pour voir les cœurs vibrer
Voir nos projets
Nos rêves que nous continuions
A faire de voyages d’étrangers
Et puis du jour au lendemain
La musique s’est arrêtée sans explications
N’en reste qu’une belle mélodie
Et un peu de mélancolie
C’est sans doute Vivaldi
Hervé a tellement aimé l’oeuvre réalisée par Sunset qu’il a envie de la coller dans Paris. Mais il se dit qu’il ne veut pas la coller comme ça, tout simplement. Il veut le faire en musique. Il décide alors d’organiser une flashmob dans Paris. Sont alors associés au projet des musiciens de l’Académie de musique de Paris et des danseurs. Puis d’autres artistes viendront se greffer : Béa Pyl, Catherine Secret et Spray Yarps.
Après plusieurs mois de répétitions, le 23 février tout le monde se retrouve à la Fontaine Stravinski, près de Beaubourg. Et sous les yeux ébahis mais ravis des gens qui se trouvaient là la musique s’élève, les danseurs s’élancent alors que les artistes collent les oeuvres. Un beau moment que vous pouvez revivre maintenant grâce à ce film.
Pour Hervé ce projet était une façon de de « finir une belle histoire d’amour de belle façon ». Il s’est offert « une fin digne de l’histoire qu’il a vécu avec cette femme ».
Cette oeuvre est aujourd’hui devenue une sérigraphie et doit un jour devenir un tableau. Elle est née de l’envie de donner quelque chose de beau aux gens.
Pour clore ce billet, je vais vous faire une longue liste mais il me semblerait injuste de ne pas citer toutes les personnes qui ont participé à ce très beau projet !
Photo : Catherine Secret
Peintre : Jonas SUN7
Texte : PAN (Hervé quoi…)
Trickseurs/Danseurs : Steve Tigerland, Hélène Tran, Jean Dutelle et Elisa Virgil
Musiciens de l’Académie de musique de Paris : Charlotte M. (violon solo/direction musicale), Manon Couvignon (violoniste), Apolline Harislur (violoniste), Gabrielle Millecam (violoniste), David Hafner (violoncelliste), Raphaël Kuczynski (violoncelliste) et Violaine Malaval (violoncelliste)
Comment vous laisser en musique après ce billet ? Je ne vois pas d’autre possibilité que Vivaldi. Une fois n’est pas coutume. Un peu de musique classique pour vous dire aurevoir. C’est beau non ?!
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Belle découverte de ta part, j’ai vraiment apprécié 🙂
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